Chapitre 5 : LA MISE EN SCÈNE DU DON COURTOIS

Le don constitue le deuxième thème dominant de notre étude, après l’hommage.  Nous considérons dans le chapitre qui lui est dédié, les représentations de la femme noble en posture de dédicataire, mais aussi l’imagerie de l’offrande amoureuse, accomplie entre la dame et son soupirant. Qu’il soit de nature matérielle ou plus spirituelle et symbolique, le don courtois est avant tout un « don de soi », encouragé par la doctrine de la fin’amor.

Le don participe de usages sociaux aristocratiques parfois liés à la mise en scène du pouvoir, comme à travers les miniatures de dédicace. L’imagerie du don amoureux rappelle l’importance d’un rite marquant le début de la relation amoureuse. Dans ce type de représentations, les offrandes sont aussi variées que le poème, la fleur, les anneaux ou le chapel fleuri. De même, ce don peut être de nature métaphorique, impliquant l’échange du philtre d’amour, notamment dans le Tristan en prose, ou le don du cœur qui rappelle l’abnégation éprouvée par l’amant pour sa dame.

Le don est généralement accompli à une ou deux mains. Il arrive cependant que l’objet soit remis différemment, entre l’index et le pouce dans le contexte d’échange propre aux fiançailles aristocratiques ou, plus rarement, élevé par un soupir, en conformité avec le texte concerné. Femmes et dames sont majoritairement les réceptrices des présents, mais il arrive qu’elles s’illustrent en tant que donatrices. Dans la moitié des images de ce corpus, la dame et parfois même la femme aristocratique sont figurées en position égalitaire avec l’amant ou l’homme qui leur font face. Elles partagent avec eux la même taille et exécutent parfois des gestes de don et de réception similaires.