Au sein de la deuxième partie de notre travail, nous considérons la redéfinition de pratiques héritées de certains rituels sociaux médiévaux dans les descriptions et les représentations de rites ancrés dans un « imaginaire social » courtois.

 

Chapitre 3 : UN HOMMAGE À LA DAME

Cette première analyse sérielle consacrée à l’hommage permet d’observer quelle place est occupée par la dame en tant qu’objet de désir ou sujet de la représentation. Domina inspiratrice des gestes hérités de la Deditio vassalique, reine, muse du poète ou incarnation allégorique, elle demeure la figure dominante d’un jeu amoureux imaginaire, basé sur des rapports sociaux réels. Représentée le plus souvent debout ou trônant en position de force, elle use de gestes étudiés, significatifs de son consentement ou de son refus face aux sollicitations masculines. Elle est également en possession de marqueurs d’autorité, évocateurs son rang et de la supériorité qu’elle détient sur l’amant.

Les agissements de la dame, louée par l’amant ou suppliée par le chevalier vaincu, ne sont pas toujours exprimés de façon littérale dans le récit d’origine. Leur portée symbolique est, en revanche, plus importante dans les images. La posture d’agenouillement et la gestuelle de prière associées à l’amant, font face à la position dominante et aux attributs d’autorité de cette figure féminine. La dame n’apparaît donc pas seulement comme un objet de vénération et de convoitise. Elle choisit seule d’accorder sa mercy ou de refuser l’hommage.

L’hommage est le thème principal de notre étude. Les caractères formels qui lui sont propres, apparaissent également dans notre corpus pour signifier l’humilité de l’homme recevant un don de son aimée (par exemple, une couronne de fleurs) ou pour montrer l’amant en prière devant l’ymage de sa dame ainsi que le croyant agenouillé face à l’apparition de la Vierge.