Je propose à toute institution, université ou entreprise, mes conférences sur le thème de l’histoire de l’art.
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La production des manuscrits enluminés en France aux XIVe et XVe siècles.
Aux XIVe et XVe siècles, la diffusion du manuscrit enluminé obéit à un cheminement complexe où le rôle du commanditaire se noue parfois à celui de libraires et d’hommes d’affaires avertis contrôlant les ateliers de production. L’objet livresque offre de précieux renseignements sur les milieux politiques et artistiques de la France à la fin du Moyen Âge. Il informe notamment sur l’élaboration des bibliothèques, le goût des commanditaires, le statut d’un artiste et ses conditions de collaboration avec d’autres enlumineurs de son époque. Selon son rang social, le commanditaire contrôle souvent le travail de l’artiste et du copiste, par ailleurs étroitement liés. Un luxueux manuscrit enluminé permet ainsi à un prince ou un seigneur d’assurer la continuité d’un pouvoir culturel actif.
Jeux, musique et création poétique dans l’imagerie courtoise à la fin du Moyen Âge.
En considérant les rapports entre texte et image, cette conférence examine le rôle joué par les femmes de Cour dans la création poétique, musicale et ludique. Comment la représentation de leur idéal fantasmé, la dame, agit comme muse du poète, médiateur de connaissance et apporte une dimension civilisatrice couple courtois ? L’instrument à cordes est-il une allégorie du corps de la dame aimée et la harpe, le symbole d’un savoir supérieur ? Enfin, la place de l’échiquier dans les images est-elle symbolique d’un procédé de séduction aristocratique ou d’un jeu de pouvoir entre la dame et l’amant, régit par une codification militaire ?
Le renouveau chevaleresque en France à la fin du Moyen Âge.
Le Moyen Âge tardif est une période marquée par la réactualisation, au sein de la société de cour, d’un idéal de courage, de courtoisie et de largesse favorisant une activité romanesque et poétique. Malgré une débâcle de la chevalerie, l’image du parfait chevalier est maintenue par la création d’Ordres chevaleresques offrant l’occasion de s’illustrer dans la défense de l’honneur féminin. Cette conférence revient sur l’intense création artistique significative des liens étroits qui se tissent entre littérature et arts visuels. Parmi les thèmes profanes célébrés, « La reverdie » se déploie dans une imagerie mettant en scène des loisirs cynégétiques propre à l’aristocratie. L’inspiration pour la littérature en langue vulgaire, et notamment celle traitant de la « matière de Bretagne » conduit également à une évolution des tournois et joutes comme modèles de bravoure. L’engouement de la noblesse dirigeante pour ces thèmes aboutit à la création des Pas d’armes, reflets d’ambitions culturelles au service d’un pouvoir politique réel.
Femme et dame, entre idéal et réalité : la survivance d’un féminin fantasmé.
La femme médiévale d’ascendance aristocratique voit son identité détournée, idéalisée par la figure littéraire de la « dame ». Cette figure idéale, enjeu du désir masculin, est célébrée par la poésie des troubadours pour son corps blanc et gras, sa petite poitrine, sa chevelure blonde et ses lèvres vermeilles. Ces modèles esthétiques se retrouvent également dans les enluminures du Moyen Âge tardif, révélant la nudité ou la transgression. La dame fait aussi l’objet d’une vénération sous les traits d’une déesse antique ou d’une « ymage ». Les interprétations visuelles de certains textes allégoriques vont même jusqu’à faire disparaître son corps au profit d’un jardin clos ou d’une fleur éclose.
Cette intervention permettra également de questionner notre rapport à l’image de la femme aujourd’hui, en considérant la continuité de certains codes esthétiques prônant un idéal féminin.
Les miniatures de dédicace : la mise en scène du pouvoir politique, entre féminin et masculin.
À la fois hommage et don, la dédicace officialise une relation politique entre un auteur et un membre de la noblesse. Au Moyen Âge tardif, le don du livre permet à certaines grandes bibliothèques de se constituer et de s’enrichir. Dans le cas des manuscrits composant les collections royales, princières ou seigneuriales, figurent de nombreux dédicataires masculins. Jean II le Bon, Charles VI, Louis 1er d’Orléans, ou Philippe le Bon sont ainsi parfois mis en scène en première page, recevant le livre qui leur est dédié. Leurs filles et épouses, telle Isabeau de Bavière, Valentine Visconti, Marie de Bourgogne ou Anne de Bretagne sont également reconnues comme de grandes bibliophiles et mécènes. Ces femmes ne sont pas uniquement des acquisitrices postérieures. Elles sont également les premières destinataires de manuscrits enluminés par des artistes et des ateliers de grande renommée. Les miniatures de dédicace aux princesses, révèlent l’importance accordée au don de l’auteur, le livre-objet, mais aussi à une démonstration de pouvoir, dont les codes visuels sont sensiblement proches des images de dédicaces masculines. En comparant les miniatures de dédicaces destinées aux hommes et aux femmes de la noblesse du bas Moyen Âge, nous questionnons aussi le message apporté par la personne en représentation, entre détermination politique et affirmation d’une continuité dynastique.
Loyauté, trahison politique et bibliophilie des élites, au temps de Louis XI
Au cours du XVe siècle, les membres d’une élite aristocratique amatrice d’histoires arthuriennes notamment, revendique leur légitimité politique et leur statut bibliophilique, en commandant de riches manuscrits enluminés. Parmi ces personnalités, Jacques d’Armagnac, duc de Nemours possède une importante bibliothèque, contenant de nombreux volumes arthuriens. Membre de la séditieuse Ligue du Bien Public, il est exécuté en 1477 pour haute trahison par le roi Louis XI. Ses manuscrits sont alors cédés à de nouveaux propriétaires, qui apposent leurs armoiries à la place de celles de Nemours et n’hésitent par à effacer les ex-libris du défunt duc déchu.
Parmi les bénéficiaires des manuscrits figurent Jean du Mas, seigneur de l’Isle-sur-Arnon, mais aussi Philippe de Commynes, ancien conseiller de Charles le Téméraire ayant trahit la maison de Bourgogne pour le camp du roi Louis XI. Commynes parviendra, au moyen d’un habile jeu politique, à obtenir de hautes charges et avantages en récompense de sa loyauté à la Couronne (notamment les dépouilles de Nemours pour son rôle au cours du procès) et développera ainsi une riche activité bibliophilique.
L’image politique de Valentine Visconti, duchesse d’Orléans, au Moyen Âge tardif et sa nouvelle interprétation dans la peinture de genre du XIXe siècle (1802-1840).
Valentine Visconti (1368-1408), fille du duc de Milan Gian Galeazzo Visconti est aussi l’épouse du duc Louis 1er d’Orléans, frère du roi de France Charles VI. Bibliophile et mécène, elle est parfois décrite comme la représentante d’un haut pouvoir décisionnel, conseillant son époux en politique. Ce rôle politique transparaît dans les miniatures de certains manuscrits produits au Moyen Âge tardif. Elle apparaît ainsi à cheval quittant Paris ou trônant, à la manière de son époux dans une miniature de dédicace. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, la duchesse est de nouveau mise en scène dans la peinture de genre «anecdotique», plus tardivement qualifiée de « style troubadour ».
Au moyen d’une étude sérielle « transversale », il s’agit d’analyser la manière dont est traitée l’image politique de la duchesse d’Orléans. Quels codes visuels mettent en avant son rôle de femme de pouvoir dans les manuscrits de la fin du Moyen Âge ou le minimisent dans l’imaginaire théâtral des peintres troubadour, puis romantiques, réinterprétant les temps médiévaux ? En quoi l’image renouvelée de cette illustre figure inscrite dans la représentation d’un passé national, sert la légitimité idéologique de deux régimes politiques : l’Empire et la Restauration ?
(Cette conférence est proposée suite à la journée d’étude consacrée au « Renouveau de la biographie », organisée le 2 décembre 2019 à l’Université Toulouse – Jean Jaurès.)